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[Question de gestion] Dompter le cerbère : trois scénarios obligataires pour capturer le rendement

Une analyse de Al Cattermole, Gérant de portefeuilles obligataires et Analyste sénior, Mirabaud Asset Management

 

Quel que soit le scénario : avec, sans récession ou entre les deux, les obligations offrent un potentiel de rendement attractif dans cet environnement « à trois têtes » 

Il est actuellement tentant de se réfugier dans les actifs liquides, les incertitudes macroéconomiques étant particulièrement élevées et les rendements, tant monétaire que des obligations d’état à court terme, atteignant 5%. Il est pourtant nécessaire de dépasser cette vision de court terme et de reconsidérer l’ensemble de l’univers obligataire mondial qui présente actuellement des points d’entrée intéressants pour obtenir des rendements attractifs.

Dès lors, où est-il préférable d'investir ?  Après avoir attendu patiemment un tournant qui n'est jamais arrivé, les investisseurs sont confrontés à une trajectoire économique « à trois têtes ». Il ne faut pour autant pas craindre ce « Cerbère économique » car il existe, pour chaque scénario, des opportunités de rendement dans l’obligataire qui nous apparaissent nettement plus attrayantes que celles offertes par les obligations d'État à court terme ou les marchés monétaires.

Des projections de rendements à 12 mois positifs pour tous les scénarios économiques :

« Atterrissage brutal » à Investment Grade et obligations d’Etat mondiales

à + 10 %

« Atterrissage en douceur » à Global High Yield

à + 10 %

« Environnement de taux d'intérêt plus élevés plus longtemps » à Global High Yield + Global Investment Grade

à + 6-8 %

 

Cas de figure 1

L’atterrissage brutal : récession généralisée et baisse forcée des taux

Inflation & politique monétaire

  • L'inflation baisse car la demande diminue. Les banques centrales réduisent les taux d'intérêt pour soutenir l'activité économique.

Croissance économique

  • L'économie se contracte sous l’effet du resserrement monétaire rapide des banques centrales et du niveau élevé de la dette mondiale.

 

Nous anticipons que dans ce cas de figure, les spreads augmenteraient et la Réserve fédérale américaine prendraient les devants en commençant à réduire les taux d'intérêt, entraînant ainsi une hausse des taux des obligations d'État. Dans un tel scénario, nous conseillons de miser principalement sur les obligations d’entreprises de qualité (Investment Grade) et/ou sur les obligations d'État. Ceci pour deux raisons : les taux souverains plus bas compensent largement l'augmentation des écarts de crédit (spreads) et les investisseurs bénéficieront de coupons plus élevés, leur offrant ainsi un profil de rendement potentiel sur 12 mois de plus de 10 %.

Cas de figure 2

Attercrissage en douceur : pas de récession technique et une inflation revenue à l’objectif de 2 %

Inflation & politique monétaire

  • L'inflation ralentit progressivement pour atteindre 2 % et les taux d'intérêt réels augmentent.
  • Les banques centrales ramènent les taux d'intérêt à un niveau neutre.

Croissance économique

  • L’économie ralentit mais évite la récession.
  • La croissance accélère en 2024, mais reste sous son potentiel.

Dans un scénario d'atterrissage en douceur, la croissance économique ralentit mais évite une récession technique, c'est-à-dire deux trimestres consécutifs de croissance négative. La crainte d'une récession profonde disparaît des spreads des obligations à haut rendement (High Yield) et le début d'un nouveau cycle économique est intégré dans les prix. Il en résulte un resserrement des spreads et une remontée des prix des obligations. Dans cet environnement de taux stabilisés, de coupons élevés et de compression des spreads, nous prévoyons que le High Yield mondial puisse offrir un rendement de plus de 10 %, avec un faible taux de défaillance.

Cas de figure 3

Environnement de taux d'intérêt plus élevés plus longtemps : l’inflation persiste avec des taux qui restent hauts jusqu’à fin 2024

 

Inflation & politique monétaire

  • L'inflation s'avère persistante car les prix des services restent soutenus par une forte demande, en raison d'un marché du travail tendu.
  • Les banques centrales maintiennent les taux d'intérêt à un niveau élevé pendant plus longtemps.

Croissance économique

  • La croissance reste solide grâce à un marché du travail tendu qui soutient les salaires et les dépenses.
  • Des périodes plus longues de croissance économique inférieure à la moyenne.

 

Dans ce scénario, les taux et les spreads de crédit restent dans une fourchette proche des niveaux élevés d'aujourd'hui. Les banques centrales sont proches des taux maximums et la question est de savoir combien de temps elles y resteront, tandis que les spreads tiennent compte d'un risque raisonnable de ralentissement économique, mais n'ont aucune raison de s'emballer. Pour en bénéficier, nous conseillons de miser sur les instruments à portage élevé (rendement/coupon) en privilégiant à la fois les obligations Investment Grade et les obligations High Yield de bonne qualité mondiales, qui offrent toutes deux des niveaux de rendement historiquement élevés, supérieurs à 6 % et 8 %, respectivement.

Ce qui est étonnant dans ce scénario, c'est que le coussin de portage est si important que le seuil de rentabilité est très élevé, de sorte que même si le scénario évolue à la défaveur de l’investisseur, les rendements devraient rester positifs, ce qui se traduirait par un profil de rendement asymétrique positif.

Conclusion

Les experts de Mirabaud AM privilégient le scénario 3, "Environnement de taux d'intérêt plus élevés plus longtemps ", jusqu'à ce que les indicateurs s'orientent définitivement vers un atterrissage, dont le scénario se précisera d’ici les six prochains mois. Le marché obligataire offrant des opportunités de rendement attrayantes dans les trois cas, l’investisseur a la capacité de « dompter le cerbère » et de capturer le rendement. 

En attendant de savoir quel scénario se concrétisera, il est important d’être correctement positionné pour bénéficier de rendements. Lorsque les indicateurs commenceront à être clairs, le marché évoluera trop vite pour que l’investisseur puisse réallouer. Il est donc essentiel d'être positionné en amont, et ainsi recevoir entre 6 à 8 % en étant investis en IG ou HY de bonne qualité - en attendant de gagner plus de 10 % par la suite.

Si cette analyse vous semble très axée sur les États-Unis, vous n'avez pas tort. Si les banques centrales se sont largement coordonnées, les cycles économiques des différents pays évoluent à des rythmes différents. Par exemple, l'Europe semble susceptible d'entrer en récession avant les États-Unis, tandis que le Royaume-Uni est confronté à une dynamique d'inflation plus rigide, ce qui retarde le pivot de la Banque d'Angleterre. C'est pourquoi nous sommes de fervents défenseurs d'une approche mondiale totalement flexible, qui réagit de manière dynamique aux évolutions macroéconomiques et maximise les opportunités à travers les différents cycles économiques au fur et à mesure qu'ils évoluent. 

Alors, le principal enseignement à en tirer ? Il n'y a rien à craindre des titres à revenu fixe, mais ce n'est pas en restant à l'écart du marché que vous prendrez de l'avance.

 

 

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