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[Opinion] Tuberculose, sida et paludisme dans le monde : que fait la France de François Hollande ?

Par les associations AIDES, Solidarité SIDA, Oxfam, Solthis, Avocats pour la santé dans le monde et ActUp Paris

 

En 2013, la tuberculose va tuer 1,4 million de personnes dans le monde. Parmi elles, 450 000 personnes seront séropositives : la tuberculose est la principale cause de décès lié au VIH/sida. Alors que 1,2 milliard d’euros en plus par an suffiraient à l’enrayer, le manque de financement alimente le développement de la pandémie, en particulier ses formes multi-résistantes qui ont frappé près de 650 000 malades l’année dernière.

Face à cette épidémie qui tue plus de 4000 personnes par jour la France a choisi la stratégie de l’inaction. A l’approche de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose, nos associations s'inquiètent de la politique de solidarité internationale menée par la France depuis le 15 mai 2012 en matière de coopération internationale et de lutte contre les trois grandes pandémies : tuberculose, sida et paludisme.

Pendant des années, nos associations ont lutté pour l’augmentation des moyens accordés à la prévention et à la prise en charge de ces maladies. Nous attendions du nouveau gouvernement un accroissement des moyens financiers et une volonté politique sans faille. Après 11 mois au pouvoir, la situation est loin d’être encourageante.

Suite à des mois de dialogue et de concertation avec les administrations concernées, nous sommes inquiets des orientations qui sont contraires aux annonces faites par le Président de la République l'été dernier, et réitérées lors des Assises du développement, notamment pour la mise en place et l'attribution de la taxe sur les transactions financières.

Ces inquiétudes reposent sur les constats suivants :

  • Les moyens financiers manquent cruellement alors que nous faisons face à une résurgence de formes multi-résistantes de tuberculose en sein même de l’Europe. Dans le même temps, le gouvernement français ne s'est pas donné les moyens fiscaux et budgétaires d'assurer l'augmentation nécessaire à l'ensemble des actions de solidarité internationale. La crise financière ne peut justifier de telles décisions.

  • La restriction des budgets accordés à la solidarité internationale mène inévitablement à une concurrence entre les secteurs : faut-il plus de moyens sur la santé, ou sur l'écologie, ou sur l'éducation ? Cette concurrence est dangereuse car ces interventions sont complémentaires et interdépendantes.

  • Dans le champ même de la santé, l’opposition entre la lutte contre les trois pandémies et une approche de santé plus transversale, telle que la mise en place d'une couverture santé universelle, n’a nullement lieu d’être. Il est évident que les deux approches sont nécessaires et complémentaires. La lutte contre les trois grandes pandémies a directement eu des effets positifs et visibles sur la santé des populations en général, et le renforcement des systèmes de santé contribue à pérenniser ces acquis.

  • Dans le champ même de la lutte contre les trois pandémies, nos interlocuteurs établissent une nouvelle concurrence entre le canal multilatéral (financement du Fonds mondial de lutte contre le Sida, le Paludisme et la Tuberculose) et le bilatéral (financement de projet dans un pays donné, projet souvent porté par des ONG françaises, dont les nôtres). Là encore, cette concurrence n'a pas de sens. Multilatéral et bilatéral ont chacun leur intérêt et leurs limites ; il est donc indispensable d'accroître le soutien aux deux, pour qu'ils soient complémentaires.

Dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement, la France et la communauté internationale s'étaient engagées à atteindre l’accès universel à la prévention et aux traitements contre les trois grandes pandémies pour 2010. Aujourd’hui, trois ans plus tard, 15 000 personnes meurent chaque jour du sida, de la tuberculose et du paludisme.

Au moment où M. Cameron annonce l’atteinte des 0,7% du PIB pour l’aide publique au développement britannique, M. Hollande doit rattraper le retard pris par son prédécesseur, et mettre en place une politique volontariste en matière de solidarité internationale.

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