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De l’inflation... au bitcoin

Billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’ACATIS, société de gestion indépendante allemande.


Des incertitudes sur l’inflation…

Tant que les banques centrales peuvent garder le contrôle sur les taux d’intérêt et la circulation de l’argent, le fonctionnement des marchés d’actions est assuré. Les sciences économiques nous rappellent que seules trois des quatre grandes variables : masse monétaire, taux d’intérêt, taux de change et inflation, sont contrôlables en même temps et que la quatrième évolue de manière autonome. Actuellement, elles se comportent toutes les quatre de manière exemplaire. Les choses se compliqueront lorsque, par exemple, l’objectif de change s’opposera à l’objectif de taux ou à l’objectif d’inflation et que l’un de ces objectifs se distancera de manière incontrôlée. 

La légère hausse des taux d'intérêts aux USA a déclenché des premières réactions dans l’économie réelle. On commence déjà à se demander comment les particuliers très endettés feront face à la hausse des taux. Il y a notamment une bulle autour des crédits automobile mais également les crédits immobiliers comptent beaucoup d’emprunteurs qui ne payent que les intérêts et pas le capital. Il est également probable que certaines sociétés, qui ont utilisé l’argent bon marché pour des rachats d’actions, feront faillite en cas de baisse des bénéfices et de hausses des taux d’intérêt. Nous n’avons pas vu cette situation depuis longtemps mais c’est un principe cyclique sur lequel on peut compter.  

Actuellement, tous les indicateurs sont encore au vert et le célèbre Jeremy Grantham peut encore parler de la probable imminence d’un "Melt-up" sur les marchés d’actions. Il s’appuie pour cela sur une étude de Greenwood/ Shleifer/ You intitulée "Bubbles For Fama". Un mouvement d’accélération des marchés d’actions est alors suivi soit d’un mouvement haussier ou baissier bien marqué soit, dans la plupart des cas, d’une période de stagnation.  

Tout est donc encore sous contrôle et nous misons sur un marché d’actions positif en 2018 malgré des turbulences temporaires.


…. aux discussions sur le bitcoin

Lors du plus important congrès des fonds d'investissement à Mannheim en Allemagne, le stand d’Acatis a connu une forte affluence. Une seule position, qui représente 0,3% de l’actif géré d’Acatis, a dominé tous les entretiens. Le bitcoin. Dans le fonds Acatis Datini, le prix d’achat moyen de la position bitcoin était de 4,5 M€ et 27,6 M€ de cessions ont été générés. En fin d'année, l‘encours résiduel était de 15,4 M€. Ce que nous savons : le bitcoin n’a pas de valeur « correcte » et une perte totale est tout aussi possible qu'une hausse importante. Une demande forte pour une offre limitée est un indice de nouvelles hausses : l’investissement en bitcoin a donc un caractère d’option présentant une valeur d’attente positive.

Au fil de nombreuses discussions, un aspect a toutefois clairement émergé. Les investisseurs allemands sont soit sceptiques, soit avides et le juste milieu n’existe pratiquement pas. Beaucoup préfèrent se draper dans leurs préjugés plutôt que de sonder les faits avec curiosité. Une affirmation caractéristique revenait souvent : « On ne sait même pas qui est l'inventeur du bitcoin, alors que l’euro s'appuie sur du réel ». Oui, mais nous ne connaissons pas non plus l’inventeur de la monnaie fiduciaire (ça devait être un fonctionnaire de la dynastie Ming … quel était son nom déjà…?) et nous savons, depuis Faust II de Goethe, à quelle vitesse l’impression de monnaie peut se déconnecter de la réalité.  Nous l’avons vécu 3 fois en Allemagne au cours du siècle dernier (après les deux guerres mondiales et en RDA). Cela ne suffit-il pas en matière d’expérience empirique ? A l’heure actuelle, les banques centrales semblent vouloir acculer le bitcoin par des interdictions. Cela fait baisser le cours mais ne remet pas en question l’existence même des crypto-monnaies alternatives.

Il est triste que la parcimonie intellectuelle coûte de l’argent. Pas tant sur le bitcoin lui-même qu’au niveau de la structure d'investissement des actifs allemands. Les actions protègent mieux des faillites d'État et des guerres que les livrets d’épargne et les emprunts d'État allemands, et pourtant les Allemands achètent des titres obligataires sans rendement et fortement exposés au risque. Ça va très mal se finir ! Quelle richesse aurions-nous pu constituer si tous les actifs du régime des retraites avaient été investis sur les marchés d’actions depuis la fin de la guerre ? Au lieu de cela, la pauvreté guette les personnes âgées car les soins des parents vont engloutir les héritages escomptés et il ne restera plus rien. Les actions ont un rendement attendu de 5 à 6% par an ; c‘est un calcul mathématique. Il est incompréhensible de laisser de l’argent dormir sur un compte sans produire d’intérêts. Une belle phrase résonne encore à nos oreilles : « Aucune fondation qui a investi dans des titres d’emprunt d'état n’a survécu 100 ans ».

Faisons donc un test simple : qu’est-ce qui a une probabilité de survie la plus élevée sur les 10 prochaines années :
- Siemens ou l’euro,
- Google ou le mandat de chancelière d’Angela Merkel,
- Amazon ou les finances publiques de la Grèce ?

La réponse devrait guider les décisions d’investissement.

www.acatis.de/fr

 

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