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Economies asiatiques et Administration Trump : une dépendance réciproque qui limite les risques

Par Christopher Chu, Fund Manager - Actions asiatiques de l’UBP

Donald Trump a engagé un bras de fer commercial avec l’Asie en retirant les Etats-Unis du partenariat transpacifique (TPP). Mais les économies asiatiques gardent suffisamment d’atouts pour résister à l’offensive du nouveau président américain.
Depuis l’élection américaine, les marchés s’interrogent sur les promesses de campagne que Donald Trump va effectivement appliquer en tant que président. La première semaine, les inquiétudes ont été mises en sourdine. L’indice MSCI Asian Ex-Japan a bondi de plus de 2% durant les 5 premiers jours de la nouvelle administration, regagnant même tout le terrain perdu dans le sillage des élections américaines. Bien que les 100 premiers jours du mandat présidentiel soient historiquement les plus déterminants pour les analystes et les experts en politique, les premiers décrets signés par le Président reflètent d’ores et déjà clairement ses priorités. Le retrait des Etats-Unis du TPP s’est révélé une formalité dans la mesure où le Congrès n’allait certainement pas ratifier l’accord pendant les derniers mois de la présidence Obama. En outre, Donald Trump n’avait pas caché son opposition au TPP pendant sa campagne, de sorte que ce retrait a non seulement été bien médiatisé mais également complètement intégré dans les prix du marché.

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Cette décision n’indique pas que Donald Trump est opposé au libre-échange, mais reflète des angoisses d’ordre politique. La situation est tristement ironique dans la mesure où le traité qu’il était si désireux de refuser aurait en fait résolu quelques-uns des problèmes auxquels il avait promis de remédier durant sa campagne, notamment l’expansion du marché des produits américains et le soutien de normes commerciales internationales. Le projet d'ajustement des taxes aux frontières vise à réduire le déficit commercial, soit en imposant des droits de douane aux pays considérés comme des manipulateurs de devises, soit en supprimant des franchises d’importation pour subventionner les exportations. Les défenseurs de cette proposition estiment que ces mesures vont abaisser le déficit commercial américain et améliorer la compétitivité des exportations, tandis que le raffermissement du dollar compensera les droits de douane sur les importations étrangères.

A court terme, les exportateurs asiatiques pourraient doublement profiter de cette configuration au détriment des producteurs américains. D’une part, la plupart des contrats commerciaux sont négociés en dollar, ce qui annule la perspective d’économies de change dues à la hausse du billet vert. D’autre part, il n’existe pas encore de solutions de substitution aux importations américaines permettant de remédier au problème des volumes. D’après le Bureau américain de la statistique, l’Asie représente environ 50% du déficit commercial américain.

La Chine, le plus grand acheteur de produits américains

La plupart des hypothèses ci-dessus se fondent sur un scénario exempt de guerre commerciale. Les droits de douane et les taxes à l’importation enfreignent non seulement les règles de l’OMC, mais encouragent également des mesures de représailles immédiates débouchant sur l’incertitude, laquelle reporte les décisions en matière d’investissement privé. A la différence des autres partenaires commerciaux, l’Asie pourrait être en meilleure position pour contrer l’hostilité commerciale de Donald Trump. Les Etats-Unis et la Chine détiennent chacun des monnaies d’échange pour mieux peser sur les négociations qui sont susceptibles de neutraliser les risques. Au cours de la campagne électorale, la remise en cause de la « One China Policy » (politique de la Chine unie) ainsi que le projet d’étiqueter la Chine «  manipulateur de devise » sont devenus hors de propos dès la première semaine d’investiture, alors que la décision du retrait du TPP joue en faveur de Pékin. Ce n’est pas un hasard si la Chine est également le plus grand acheteur de produits agricoles américains, un secteur qui emploie autant de main-d’œuvre que l’industrie automobile. La simple reconnaissance des menaces de l’autre pourrait suffire à prévenir tout conflit.

Les marchés semblent avoir intégré un « pari de la reflation » aux Etats-Unis qui inclut des réformes fiscales et des dépenses dans les infrastructures. Toutefois, les récents décrets controversés pourraient faire échouer certaines promesses électorales de la nouvelle administration. L’autre risque concerne le capital politique qui restera à Trump après ses cent premiers jours. Entre une cote de confiance en baisse et les divisions au sein du Parti républicain, l’obstruction parlementaire semble hautement probable. Les marchés devraient aussi se méfier des avalanches de tweets et d’attaques, et se demander dans quelle mesure les paroles se transforment en actes pour juger du niveau de crédibilité de ces menaces. Dans ce contexte, il est vraiment heureux que l’Asie ait encore suffisamment d’atouts dans sa manche. 

www.ubp.com


 

 

 

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