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Le yuan gagne ses galons de monnaie internationale

Par Christopher Chu, Gérant de fonds - Actions asiatiques, Union Bancaire Privée

En moins d’une semaine, le renminbi chinois (RMB) a subi le feu nourri des critiques durant un débat présidentiel aux Etats-Unis avant d’intégrer le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. Le symbolisme de ces deux événements concomitants illustre l’influence croissante du yuan (également appelé renminbi) dans la politique mondiale ainsi que sa ferme ambition de devenir une monnaie internationale alternative, le tout ayant été réalisé en un laps de temps relativement court.

Tant qu'il ne sera pas librement convertible, le RMB aura peu de chances d'accéder au statut de monnaie de réserve. Mais alors que les taux d’intérêt négatifs et la croissance atone dans les pays développés minent les économies avancées, l’attrait d’une alternative devrait augmenter. Avec l’’ajout du yuan, le panier des DTS connaît son premier changement depuis 1999 lorsque l’euro avait remplacé le deutsche mark et le franc français. La nouvelle allocation continuera d’accorder la part belle au dollar américain et à l’euro à hauteur de 41,7 et 30,9% respectivement, suivis par le RMB 10,9%. Le yen et la livre sterling s’adjugeront respectivement 8,3 et 8,1%. Globalement, les DTS représentent une faible proportion des règlements internationaux. Environ 204,1 milliards de DTS ont été alloués aux membres du FMI, soit l’équivalent de 285 milliards de dollars, alors que les réserves mondiales totalisent 11 billions de dollar. L’inclusion du RMB sera donc plus symbolique.

Stimulation des échanges commerciaux régionaux
Selon nous, l’intégration du RMB dans les DTS du FMI sera mutuellement bénéfique, ce qui n’est pas négligeable dans une période où prolifère la rhétorique anti-mondialisation. Pour la Chine, le DTS valorise le yuan sans ouvrir complètement les opérations en capital tout en maintenant un régime de flottement administré. Les banques centrales possédant des actifs libellés en DTS détiennent automatiquement des RMB tandis que le yuan s’apprécierait également par rapport aux autres monnaies non arrimées au dollar. De son côté, le FMI redore son blason après les critiques essuyées pour avoir tardé à reconnaître l'influence croissante des marchés émergents qui a débouché sur la création de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures soutenue par la Chine.

Quant aux entreprises asiatiques, cette inclusion leur offre l’occasion de voir le RMB davantage utilisé dans l’activité économique, stimulant les échanges commerciaux régionaux sur fond de reflux de la demande mondiale. Selon Morgan Stanley Research, 51% des exportations de la région AXJ (Asie hors Japon) sont vendues à d’autres pays AXJ (46% en 2006). Au cours de la dernière décennie, les signes de découplage entre l’Asie et l’Occident se sont matérialisés. Les exportations AXJ à destination des Etats-Unis et de l’UE, qui représentaient respectivement 17 et 15% en 2006, ont diminué à 14 et 12%. Dans la région, la Chine incarne le principal partenaire commercial et l’intégration des marchés financiers intérieurs et de la demande régionale est une bonne nouvelle pour le RMB et les économies asiatiques. Cet événement soutient d’autant plus le lancement du Shenzhen-Hong Kong Stock Connect qui a suivi le rapprochement des Bourses de Shanghai et de Hong Kong.

Un objectif d’internationalisation du yuan
Même si, en soi, l’inclusion du RMB ne fera pas tomber le dollar américain de son piédestal de monnaie mondiale, elle représente une avancée de plus de la Chine vers son objectif d’internationalisation du yuan. Le renminbi a perdu 5% de sa valeur depuis sa dévaluation surprise en août 2015, les réserves de change se sont stabilisées aux environs de 3,2 billions de dollars. Selon nous, le principal risque serait que la Banque populaire de Chine (BPC) laisse le renminbi continuer à se déprécier. Les autorités centrales s’en défendent et nous pensons également qu’une forte dévaluation entraverait significativement les efforts de réorientation du pays vers une économie basée sur la consommation intérieure.

Les nouvelles mesures visant à accroître la productivité sont de bon augure. C’est d’autant plus vrai que ces réformes extirpent l’économie chinoise du piège des revenus moyens vers un monde où les services à forte valeur ajoutée deviennent rentables. Les réformes sont considérées comme des catalyseurs qui dureront plusieurs années sur les marchés actions asiatiques alors que Pékin doit se préparer à s’ouvrir davantage. L’intégration du RMB est une étape importante, mais est loin d’être la dernière. Alors que l’environnement macroéconomique de la Chine continue de refléter les forces du marché, la BPC devrait s’attirer davantage de critiques concernant le RMB, lesquelles, ironiquement, seraient les bienvenues car cela signifierait que le renminbi est en passe de devenir une véritable monnaie internationale.

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