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En convalescence, l’économie russe reste encore trop dépendante des prix des hydrocarbures

Par Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection. Stratégiste d’Intersélection.

Sans levée des sanctions occidentales, l’économie russe aura du mal à retrouver une croissance durable. A court terme, la remontée des cours du pétrole permet néanmoins au pays de retrouver des marges de manœuvre salutaires.

La Russie est en récession mais entrevoit peu à peu le bout du tunnel. Les sanctions occidentales consécutives à l’intervention russe en Ukraine ainsi que la baisse des prix du pétrole, ressource principale du pays, ont porté un rude coup à l’économie à partir de décembre 2014. Faute de devises disponibles, la Russie a été contrainte de réduire ses importations de biens et services. Mais en l’absence d’un outil industriel performant capable de prendre le relais, le PIB a reculé de 3,25% en 2015 et il devrait encore baisser de 1,40% cette année pour se reprendre à partir de l’an prochain (proche de 1%).

La chute du rouble par rapport au dollar entamée à partir de la fin 2014 et qui s’est poursuivi jusqu’en janvier 2016 avait provoqué un renchérissement des importations et un retour des pressions inflationnistes. En réaction, la banque centrale russe s’est vue contrainte de remonter ses taux d’intérêt directeurs ce qui a lourdement pesé sur l’investissement. Le gouvernement a également décidé d’aider les entreprises car elles n’ont plus accès aux marchés de capitaux internationaux. Mais ces aides ont principalement soutenu le secteur de la défense, le fameux complexe militaro-industriel, alors que les autres secteurs ont poursuivi leur stagnation et perdu du terrain dans la compétition internationale. A ce titre, la hausse du prix de l’énergie à partir des années 2000 a permis de masquer les faiblesses structurelles de l’économie russe et sa productivité insuffisante.


Les marchés reprennent confiance peu à peu

Avec la remontée des cours du baril qui devrait se stabiliser au-dessus de 50$ après l’accord signé fin septembre à Alger, l’économie russe retrouve des couleurs. Signe du retour de la confiance, l’indice RTS Index de la Bourse de Moscou s’est bien repris et s’envole de 12% depuis le début de l’année pour un investisseur russe et 26% pour un investisseur européen mais il perd 30% sur 3 ans pour un investisseur européen. Les réserves de change sont remontées de 350 Mds$ en mars 2015 à 400 Mds$ aujourd’hui. L’endettement public est faible, l’inflation qui caracolait autour de 17% l’an dernier est tombée à 8%. Le niveau des CDS adossé à la dette souveraine russe a également fortement baissé tout au long de l’année, de 250 points en mai 2016 à 200 points en octobre 2016, signe manifeste du retour de la confiance concernant la solvabilité de l’Etat russe. Le cours du rouble s’est également renforcé au cours des derniers mois, de 75 USD/RUB (75 roubles pour 1$) en début d’année à 62 USD/RUB fin septembre. Mais la devise russe n’a pas retrouvé les niveaux de septembre 2014 (40 USD/RUB) avant sa chute liée à l’effondrement des cours du pétrole.

Mi-septembre, la banque centrale a abaissé son taux directeur de 10,5 à 10% et les taux longs restent inférieurs au taux directeur. Le cercle vertueux consécutif au redressement des prix du pétrole est en marche. Pour autant, sans levée des sanctions internationales, l’économie russe ne pourra pas rebondir durablement. Si ces sanctions étaient justifiées dans un premier temps en raison de l’attitude de Moscou dans la crise ukrainienne, elles pénalisent durablement la population, sans affaiblir le pouvoir de Vladimir Poutine. L’apaisement doit prévaloir dans ce domaine. Ce refroidissement des relations entre la Russie et les pays occidentaux donne aujourd’hui le sentiment d’un gâchis pour les deux parties, alors même que la Russie dispose d’une population bien formée et de ressources considérables.

En attendant, la remontée des prix du pétrole delà de 50$ est une aubaine pour le gouvernement russe qui doit profiter de ces ressources supplémentaires afin d’accélérer l’investissement public et engager l’économie du pays sur la voie de la diversification. L’objectif doit être de la rendre à terme moins dépendante du cycle des matières premières. Le chemin à parcourir est immense même si les services pèsent déjà 60% du PIB contre plus de 75% dans l’UE.

http://www.carltonselection.fr/

 

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