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Questions et Réponses : “Masters & Johnson”

Par Bill Gross, Gérant  chez Janus Capital Group

Jusqu’à aujourd’hui, le thème de la sexualité a rarement fait son apparition dans les Perspectives d’Investissement. Je prends parfois des risques en touchant aux domaines tabous de la politique et de la religion, mais les sujets d’ordre sexuel ? Jamais. Alors allons-y ! En fait, mon histoire personnelle d’édification sexuelle est sans doute similaire à la grande majorité de mes lecteurs.
Ma mère m’a demandé, lorsque j’avais 14 ans, si je savais d’où venaient les petits chats. J’ai répondu « de l’animalerie » et je n’ai plus jamais reçu de questions ou d’informations complémentaires sur le sujet. Je pense qu’elle avait déjà depuis longtemps considéré mon cas comme étant sans espoir.

Lorsque je suis devenu père, je me suis fait la promesse de ne jamais répéter une question aussi stupide que celle des petits chats à mes enfants - et je finis par ne jamais aborder le thème de la sexualité avec mes deux aînés, Jeff et Jennifer, qui sont maintenant quarantenaires et ne sont plus soumis à mes faiblesses parentales.

Les années 1990 ont été marquées par une nouvelle sensibilité et la nécessité d’être ouvert et honnête avec son enfant, dès son plus jeune âge. Lorsque Nick est né en 1988, Sue et moi savions qu’il faudrait expliquer « sa conception » avant de devoir lui confier les clés de la voiture et de signer des chèques exorbitants pour l’assurance auto. Nick n’a pas été adopté, mais il est en fait l’un des premiers vrais « bébés éprouvette » de Californie, ce qui le rendait en quelque sorte unique - du moins pour nous - et il nous semblait important qu’il le sache. Une aubaine en matière d’éducation sexuelle. A 8 ou 9 ans, lorsqu’il posait des questions sur les « bébés », nous l’avions assis et lui avions expliqué comment il a avait été conçu : un médecin a pris du sperme de papa et quelques œufs de maman, les a mélangés dans une éprouvette, et voilà - nous avions un bébé. Il accepta cette histoire et nous avions ainsi pu éviter toutes les mièvreries autour du mâle et de la femelle.

Notre plus gros challenge arriva quelques années plus tard, quand Nick s’est retrouvé avec une publicité trash de « Victoria’s Secret » entre les mains. Pour m’épargner, Sue avait toujours l’habitude de jeter ces pubs à la poubelle dès que possible, mais cette fois, Nick l’avait trouvé avant elle. Il a tout de suite été intrigué, non seulement par ces modèles franchement sans intérêt, mais par le nom lui-même de la « publication ». « Papa », demanda-t-il, « c’est quoi ? » Bon, je réfléchis rapidement. S’il demande ce qu’est « Victoria’s Secrets », c’est juste une question sur la source du mailing. Mais s’il veut connaître le secret de Victoria, c’est un autre sujet entièrement - et un sur lequel je n’avais aucune intention de m’engager. « Je ne sais pas trop » je répondis, lui prenant la brochure des mains et la mettant vite à la poubelle, comme le faisait Sue habituellement. Pour faire diversion, je répondis à sa question avec une des miennes. « Tu sais d’où viennent les petits chats ? ». « L’animalerie » répondit-il. Une réponse qui me soulagea immédiatement : rassuré par sa normalité, je savais également que j’avais joué mon rôle de parent des années 1990.

Aujourd’hui, des questions tout aussi fondamentales se posent sur la situation économique et les marchés financiers. J’ai donc préféré les condenser pour tenter d’expliquer la situation danslaquelle nous sommes, peut-être avec un peu plus d’honnêteté que mes petites ruses sur leschatons de l’animalerie ou sur la nature du secret de Victoria. Les voici :


1) Quand est-ce que notre système fondé sur le crédit va-t-il crachoter/tomber en panne ?

Lorsque les actifs financiers comportent trop de risque pour trop peu de rendement. Pas de manière immédiate, mais à la marge, le crédit offrant un rendement faible/négatif est troqué pour de l’or ou des billets de banque sous le matelas - au sens propre comme au figuré. Lorsque ceci arrive, le système se désendette : les liquidités prennent une place centrale, tandis que les actifs réels, comme l’or, constituent les placements risqués périphériques.
Les banques centrales peuvent créer des réserves bancaires, mais les banques ne sont pas contraintes de prêter si elles considèrent que le risque est trop grand pour le rendement attendu. La fertilisation séculaire de la création de crédit pourrait cesser de fonctionner dans un environnement de taux zéro, si ces conditions venaient à persister.


2) Le capitalisme peut-il fonctionner correctement dans un environnement de taux zéro ?

Non. Les taux d’intérêt très faibles permettent peut-être de doper les cours des actifs, mais ils détruisent en parallèle l’épargne et les modèles économiques fondés sur les engagements de passif. Les banques, les assureurs, les fonds de pension et les petites entreprises familiales ne peuvent plus rembourser leurs dettes futures ou financer le versement des retraites. Les banques centrales ne semblent pas prendre conscience de ce côté obscur associé aux faibles taux d’intérêt. Si ces derniers perdurent trop longtemps, l’économie réelle elle-même est impactée, car les revenus attendus ne se concrétisent pas et les dépenses d’investissement continuent à stagner.


3) Des programmes de Quantitative Easing représentant 180 Mds$ tous les mois par la BCE, la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre peuvent-ils durer ?

Comment tout cela peut-il se terminer ? Oui c’est possible, même si le gisement d’actifs de qualité finit par s’assécher, provoquant des problèmes techniques significatifs qui impliquent des mises en pension (repo) et bien sûr des taux d’intérêt négatifs. Etonnamment, les banques centrales reversent tous les intérêts à leurs Trésors respectifs, ce qui créé une situation « d’argent pour rien » - l’émission de dette gratuite. Les promesses des banques centrales, qui s’engagent à terme à revendre cette dette sur le marché privé, ne pourront sans doute pas être tenues. Le dénouement final du QE est une extension des maturités ou une dette perpétuelle. C’est ce que fait la Fed aujourd’hui, mais la Banque du Japon sera le cobaye qui servira d’exemple aux autres si (ou quand) elles prolongent les maturités sur des durées allant peut-être jusqu’à 50 ans.


4) Quand est-ce que les investisseurs sauront si les politiques monétaires mondiales menées actuellement se solderont par un succès ?

Quasiment tous les actifs représentent un pari sur la croissance et sur l’inflation (espérons, de la croissance réelle), mais en son absence, au minimum de la croissance nominale avec un peu d’inflation. La raison pour laquelle la croissance nominale est essentielle est qu’elle permet à un pays, une entreprise ou un particulier de rembourser sa dette grâce à des revenus en progression : ils allouent une partie au versement des intérêts et l’autre au remboursement du capital, en théorie ou en pratique, par le biais d’un fonds d’amortissement. Sans ce dernier, une économie fondée sur le crédit devient une pyramide de Ponzi, et à terme, elle implose. Gardez un œil attentif sur la croissance du PIB : aux Etats-Unis, il faut 4/5%, en zone Euro 3/4% et au Japon, 2/3%.


5) Que doivent faire les investisseurs ?

Dans cet environnement de risque élevé / faible rendement, la réponse la plus évidente serait de réduire son niveau de risque et d’accepter des performances inférieures aux moyennes historiques. Mais il faut bien que vous placiez votre argent quelque part, non ? Bien sûr. Sauf que les marchés offrent très peu de possibilités de rendement à deux chiffres. Il devient de plus en plus probable de générer des performances négatives et de perdre du capital sur de nombreuses classes d’actifs, à moins que les taux de croissance nominaux n’arrivent à des niveaux acceptables. Je n’aime pas les obligations ; je n’aime pas la plupart des actions ; je n’aime pas le private equity. Les actifs réels comme le foncier, l’or et les immobilisations corporelles (équipements et biens immobiliers), décotés, sont des classes d’actifs à privilégier.
Mais ces derniers sont difficiles à acheter pour un investisseur privé car ils ont été « financiarisés ». Et pourquoi pas les stratégies Global Unconstrained de Janus ? C’est là que j’ai placé une bonne partie de mon patrimoine.

Je vous souhaite un très bel été. Ne vous inquiétez pas, profitez de la vie. Et faites un tour dans une animalerie...

https://www.janus.com/

 

 Comprendre l'économie durable pour s'y investir

 

 

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