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Les voitures électriques sous tension ?

Par Charlie Thomas, gérant du fonds Jupiter Ecology Growth chez Jupiter AM

Le montant des investissements dans les technologies liées aux voitures électriques est impressionnant mais la course pour produire des batteries qui dureront plus longtemps aux plus faibles coûts possibles pourrait bien s’avérer cahoteuse.

Un nouveau marché déploie ses ailes
Malgré une amélioration technologique constante et une augmentation continue de la demande, le marché des véhicules électriques (qui inclut aussi bien les voitures 100% électriques que les voitures hybrides) reste relativement étroit et représente moins de 5% du marché automobile mondial. La demande est soutenue par de généreuses subventions et autres incitations fiscales, mais une adoption plus large est encore contrainte par plusieurs facteurs comme la faible praticité en conditions réelles (cf. les problèmes liés à la charge des batteries et au stockage  de l’énergie dans les batteries d’accumulateurs), le peu de modèles disponibles et, le plus important, des coûts élevés comparé aux voitures à moteur à combustion interne. Ce dernier facteur a été amplifié par la chute du prix du pétrole en 2015.
Cependant, tout ceci change rapidement et il y a de bonnes raisons d’être optimiste sur le potentiel de croissance du marché des voitures électriques. Rien qu’en 2015, le marché a crû de 76% au niveau mondial, la Chine et l’Europe étant en tête des ventes. Les analystes du secteur prévoient que d’ici 2020 le coût de détention d’un véhicule électrique (y compris les coûts de fonctionnement) passera en-dessous de celui d’un véhicule à moteur à combustion interne. Cela pourrait avoir un impact important sur l’offre et la demande dans ce marché. Selon certaines estimations, les voitures électriques pourraient représenter plus de 50% des ventes de voitures neuves d’ici 2040, bien que ce chiffre pourrait être revu à la baisse en cas de persistance d’un pétrole à bas prix.


Les batteries au lithium-ion : meilleure autonomie pour un coût plus faible
L’élément fondamental pour atteindre ce niveau de diffusion est le développement de batteries moins chères et qui durent plus longtemps. La chimie et la technologie au cœur des batteries au lithium-ion utilisées dans les véhicules hybrides et électriques sont les mêmes que celles utilisées dans les appareils électroniques portables. L’amélioration de cette technologie a été une évolution mais pas une révolution. Cependant le rapport coût/efficacité est devenu un enjeu crucial pour de nombreux acteurs sur ce marché, avec Tesla Motors l’un des acteurs les plus engagés dans ce domaine. L’impact économique potentiel de cette amélioration sur le coût d’une part et sur l’efficacité de la batterie d’autre part ne doit pas être sous-estimé, étant donné que cette dernière représente un tiers du coût d’une voiture électrique[i]. L’amélioration de la rentabilité pourrait aussi avoir des implications significatives sur le marché de l’énergie plus généralement. La nouvelle de l’acquisition de Safte, concepteur et producteur de batteries, par le géant de l’énergie Total vient soutenir l’idée que le stockage de l’énergie dans les batteries va jouer à l’ avenir un rôle majeur sur les marchés de l’électricité et de l’énergie renouvelable.
La bonne nouvelle est que le prix de la batterie au lithium-ion par kilowatt/heure (kWh) baisse rapidement. Une note de recherche de Bloomberg New Energy Finance montre que depuis 2010, le prix moyen d’une batterie est passé de 1 000$ /kWh à 350$ /kWh aujourd’hui, et on s’attend à ce qu’il atteigne les 120$ /kWh d’ici 2030. Une analyse de Liberum est encore plus optimiste, annonçant une amélioration de 30% de la capacité de d’énergie stockée pour les meilleures batteries Li-ion et une division par deux du coût des batteries par kWh d’ici 2020. Ces estimations se fondent sur le postulat que chaque doublement de la capacité se traduira par une baisse d’environ 14% des coûts.


En Asie, la course pour construire la meilleure batterie
Dans ce contexte, il est facile de comprendre l’excitation qui entoure cette révolution au sein de ce secteur. Néanmoins, pour les investisseurs, les choses sont moins évidentes. Il y a une similitude entre le pic d’activité dans les technologies des batteries et ce à quoi nous avons assisté dans l’industrie du solaire à la fin des années 2000. Il s’en était suivi une surcapacité sur le marché des panneaux solaires, suivie d’une destruction de capital pour les investisseurs quand le marché avait pu trouver un équilibre à un prix plus bas et avec des profits bien inférieurs.
Un voyage récent en Asie a confirmé cette impression : il est clair que le développement des technologies dans cette région du monde est source de fierté nationale pour de nombreux pays. La Chine, par exemple, a classé son secteur naissant des voitures électriques parmi les industries d’importance nationale[ii] et a par conséquent mis en place de généreuses subventions. Tout ceci a contribué au triplement des ventes de véhicules électriques légers en 2015.
Même s’il est globalement le bienvenu pour stimuler le développement, ce type de soutien de l’Etat peut avoir des effets pervers, en créant potentiellement de la surcapacité d’une part, tout en donnant lieu à une baisse des coûts plus rapide d’autre part. Une surcapacité pourrait pousser les fabricants de batteries dans une guerre des prix pour gagner et maintenir des parts de marché.


Opportunités d’investissement à plus long terme
Même si le taux de pénétration des voitures électriques reste faible, nous pensons que les projections du taux d’adoption pourraient s’avérer trop conservatrices, étant donné que de nouveaux modèles sont développés et que les préférences des consommateurs changent. Cela est en partie dû à une sensibilisation accrue aux problématiques liées aux émissions de gaz des voitures mises sur le devant de la scène par le scandale Volkswagen et à la perspective de politiques plus restrictives concernant la pollution de l’air suite à la COP 21 (au-delà des réglementations sur les émissions déjà prévues pour 2020). Les initiatives politiques nationales, comme en Chine, devraient aussi jouer un rôle dans le taux d’adoption. Mais le plus important reste ce qui se dessine actuellement, à savoir que la désirabilité des voitures électriques provient de l’alliance avec la haute performance et pas seulement de la promesse « verte ».

Pour les investisseurs, le nivellement par le bas concernant le coût des batteries appelle à la prudence. Il existe néanmoins des opportunités à d’autres endroits de la chaîne d’approvisionnement pour profiter de ce marché en pleine essor. Par exemple, au sein du portefeuille Jupiter Ecology Growth, nous détenons une ligne sur Infineon Technologies, une des plus grandes entreprises au monde de semi-conducteurs de puissance. Elle offre des semi-conducteurs très efficaces (connus sous le nom de transistors bipolaires à porte isolée-IGBT) à de nombreux constructeurs de véhicules électriques dans le monde (y compris des constructeurs chinois, mais aussi des acteurs occidentaux majeurs comme Tesla, BMW ou Ford) et a le potentiel pour tirer profit d’une accélération de la croissance du marché des voitures électriques.

D’une manière générale, nous sommes très enthousiastes à l’égard de la révolution qui se joue actuellement sur le marché des véhicules électriques et même s’il peut y avoir quelques risques à court terme sur les technologies de batterie pour les investisseurs, nous continuons à chercher des opportunités d’investissement de long terme dans ce secteur en pleine croissance.

www.jupiteram.com

 

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