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Des marchés bipolaires

Ces derniers mois, les marchés financiers ont été dominés par un comportement maniaco-dépressif, sans qu’aucune tendance claire n’émerge. Dans l’environnement de politique de taux bas pratiquée par les banques centrales, certaines classes d’actifs présentent désormais des valorisations excessives. Est-il tout de même possible d’identifier les tendances de fond des marchés bipolaires ?

Guido Barthels, gérant d’Ethenea Independent Investors S.A. et Yves Longchamp, Head of Research d’Ethenea Independent Investors AG, livrent leurs réponses. Extraits :

 « (…) Les malades maniaco-dépressifs, aujourd’hui appelés bipolaires, passent d’un état de jubilation extrême à un profond abattement. (…) Pour sa part, le marché, qui n’est en fin de compte rien d’autre que l’opinion collective des opérateurs, affiche ces derniers temps une nette tendance à l’excès, que ce soit vers le haut ou vers le bas.
Il n’y a pas si longtemps, ce même marché était encore préoccupé par l’éventualité d’une déflation accompagnée d’une récession. Dans le même temps, la croissance chinoise montrait des signes de fragilité tandis que le baril de pétrole brut se négociait au-dessous de 30 USD. Les banques centrales ont donc une nouvelle fois été sollicitées. Enfin, le premier relèvement timide et déjà bien tardif des taux de la banque centrale américaine, signe annonciateur de la reprise économique, a déployé ses effets pendant exactement deux semaines.
Au début de l’année, des nuages menaçants se sont formés, donnant l’absolue certitude au marché que l’effondrement quasi imminent de l’économie chinoise allait déclencher une nouvelle crise économique mondiale. En conséquence, les marchés des actions et d’autres actifs risqués tels que le haut rendement se sont effondrés.

Le marché financier est attiré par les extrêmes
Mais si l’on en croit aujourd’hui les experts du marché, la réalité est tout autre. Comme atteinte du syndrome de Münchhausen, la Chine est parfaitement en mesure de se sortir du bourbier qu’elle a elle-même créé en injectant chaque mois dans son économie des sommes folles dépassant les 350 milliards USD sous forme de crédits. En revanche, personne ne peut dire précisément combien de temps elle pourra tenir. Une chose est certaine, cette situation ne pourra pas durer éternellement. D’une manière ou d’une autre, le calme est revenu sur le marché, le cours du pétrole est remonté au-dessus de 40 USD le baril et l’inflation a fait son retour (au moins) aux États-Unis. Par la suite, les indices boursiers américains sont revenus quasiment à leurs plus hauts niveaux historiques. Le marché financier est complètement déboussolé : en l’espace de quelques mois, il enchaîne des cycles qui durent habituellement plusieurs trimestres, voire plusieurs années. Ce faisant, il semble toujours attiré par les extrêmes.

De nombreux actifs présentent des valorisations excessives
(…) La politique de taux bas pratiquée dans le monde en général et dans la zone euro en particulier nous accompagnera encore un long moment. Nous devons donc apprendre à faire avec. Mais cette situation pose des problèmes à de nombreux acteurs, dans la mesure où beaucoup d’actifs présentent des valorisations ne correspondant pas aux standards. C’est ainsi que nous entrons en territoire inconnu.
(…) Effet évident des rendements négatifs : les investisseurs ayant jusque-là uniquement investi dans des emprunts d’État, que ce soit pour des raisons réglementaires ou autres, doivent désormais renoncer à tout retour sur investissement. Les perspectives de l’épargne-retraite via les assurances-vie ou les actifs dit sécuritaires ne sont pas bonnes, c’est le moins que l’on puisse dire. Il ne reste plus aux épargnants que deux choix : renoncer à l’épargne retraite ou se tourner vers d’autres formes de placement.
Dans la grande majorité des pays confrontés au problème démographique du vieillissement de la population, la première option consistant à renoncer à l’épargne retraite n’est pas envisageable si l’on ne souhaite pas se paupériser à l’âge de la retraite. Par conséquent, il semble logique de se tourner vers d’autres formes d’investissement, d’autant que pour l’heure, la politique monétaire suivie par les banques centrales dont nous dépendons ne devrait pas s’écarter avant un certain temps de la politique de taux bas. Même la Réserve fédérale américaine exprime à nouveau des réserves concernant les prochaines hausses de ses taux directeurs.

Le haut rendement, un segment de diversification
Ces dernières années, les investisseurs actifs avaient encore la possibilité de trouver refuge dans les obligations d’entreprises de bonne, voire d’excellente qualité. Ces titres présentaient des caractéristiques semblables à celles des emprunts d’État, mais avec une rémunération supérieure. Toutefois, avec l’introduction prochaine du CSPP (Corporate Sector Purchase Programme), une nouvelle variante de l’assouplissement quantitatif de la BCE, il est à craindre que les rendements sur ce segment finissent aussi par s’évanouir au fil du temps, d’autant plus que c’est également l’objectif affiché par la BCE.
Nombre d’experts, dont nous faisons partie, déconseillent vivement aux investisseurs d’opter pour le secteur du haut rendement, c’est-à-dire les obligations d’entreprises non investment grade. Même si les titres de ce segment ressemblent aux autres obligations, la dynamique de marché y est bien différente et inappropriée pour les investisseurs individuels souhaitant préparer leur retraite. Ils peuvent toutefois constituer un bon élément de diversification au sein de fonds associés à des experts chevronnés et spécialisés dans ce type d’obligations.
Il ne reste donc plus que les obligations en devises étrangères et, évidemment, les actions. En tant que telles, ces deux formes d’investissement présentent un intérêt limité pour les profanes. Mais, englobées dans des fonds, elles conviennent parfaitement aux objectifs de préservation et de fructification du capital à long terme. Naturellement, à une époque révolue où les emprunts d’État et les obligations d’entreprises pouvaient afficher des rendements moyens de 5% pour les uns et de 7% pour les autres, les actions seraient chères, mais nous devons nous adapter au monde tel qu’il est, et non pas tel que nous souhaiterions qu’il soit.

Les actions et les obligations continueront à suivre une tendance haussière
(…) Nous sommes convaincus que les tendances sous-jacentes qu’il est possible d’identifier à condition de pouvoir percer le brouillard des marchés bipolaires sont bien celles-ci : Les actions et les obligations continueront à suivre une tendance haussière.

http://www.ethenea.com/fr


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